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Expédition polaire Plaisted

Ralph Plaisted

L’idée de se rendre au pôle Nord en motoneige voit le jour en 1966. Ralph Plaisted, courtier d’assurance du Minnesota, et un de ses amis ont l’idée de se rendre au pôle Nord par voie terrestre. Au mois de juillet 1966 est fondée la Plaisted Polar Expedition Inc., une organisation sans but lucratif dans le but de recueillir les fonds nécessaires pour le support de l’expédition.

Ralph Plaisted contacte des militaires, des scientifiques et des entreprises industrielles. Il rejoint le distributeur de motoneige Ski‑Doo® du Minnesota, Halvorson Equipment Inc., pour lui faire part du projet. Ce dernier est enthousiaste et communique avec la compagnie Bombardier Ltée. Cette dernière collabore en fournissant des motoneiges et deux de ses experts, Jean‑Luc Bombardier et Pierre Drouin, pour prendre part à l’expédition.

La compagnie est très enthousiaste à l’idée de participer à atteindre le pôle Nord. Elle perçoit ce voyage comme le test idéal pour prouver la résistance de ses motoneiges aux conditions extrêmes.

Drapeau de l'Expédition polaire Plaisted

Financement  

La mise en forme d’un tel projet d’envergure implique des coûts considérables. Outre la compagnie qui fournit les motoneiges, les compagnies d’alimentation (comme Pillsbury), d’équipement électronique, de carburant, de vêtements, d’appareil de chauffage, d’équipement de camping (comme Coleman), les appareils de communication et de publicité ont tous contribué au projet. Leurs produits seront testés sous les conditions extrêmes de l’Arctique.

Caisses de nourriture Pillsbury

Ressources nécessaires

La nourriture se doit d’être riche en protéines. Certaines parties sont préparées d’avance d’autres élaborées sur place. Par exemple, la compagnie Pillsbury a fourni des aliments qu’elle fabriquait pour les astronautes.

Les vêtements portés par les membres sont spécialement confectionnés pour l’expédition. Ils sont conçus d’après l’habillement typique des Inuits. Le costume des membres se compose d’un parka et d’une salopette en plumes d’oie et en fourrure de loup pouvant rencontrer des températures entre -35 et -65 0C. Les mitaines sont faites de cuir de caribou.

Les motoneiges Ski‑Doo® qui seront utilisées ont subi les modifications suivantes :

  • un réservoir d’essence additionnel est installé. Le siège de la motoneige a été raccourci pour des questions de rangement;
  • des crampons de fer sont insérés à l’intérieur des chenilles de caoutchouc pour permettre une meilleure traction.

Autres équipements nécessaires

Les motoneiges sont munies également d’un système de flottaison en styromousse. Ce qui permet aux membres de traverser les minces glaces, car il ne faut pas oublier que le pôle Nord se situe au milieu de l’océan Arctique. Si la température de l’Arctique permet à l’océan d’être presque constamment couvert de glace et de faciliter ainsi l’accession au pôle Nord, elle est la plus grande ennemie des hommes et des machines.

Autres équipements nécessaires:

  • un fusil par tente pour des questions de sécurité;
  • appareils de communication;
  • poêles et chaufferettes;
  • pièces de rechange pour les motoneiges;
  • tentes;
  • instruments de navigation;
  • traîneaux en fibre de verre pour le transport du matériel;
  • hache, pic à glace, pelleetc.

Préparation/entraînement

Avant leur départ, les membres se familiarisent avec les techniques de survie et le maniement de leur équipement. Par exemple, un représentant de Pillsbury remet à un des membres de l’expédition un sachet de « Space Food Sticks » ou bâton de nourriture pour l’espace.

Le camp de base est composé d’une dizaine de personnes. Leur rôle consiste à préparer le ravitaillement pour le groupe sur la glace, à commenter par radio les progrès de celui-ci, à effectuer des relevés météorologiques et à maintenir un contact permanent avec l’expédition en marche.

L’équipe sur glace est composée de 4 membres :

Ralph Plaisted – il a 40 ans, c’est le chef d’équipe;
Jean-Luc Bombardier – il a 30 ans, c’est l’éclaireur de l’expédition;
Gerald Pitzl – il a 34 ans, c’est le responsable de la navigation;
Walter Pederson – il a 40 ans, c’est le mécanicien de l’expédition.

Le rôle de l’équipe sur glace est de braver les conditions climatiques et les difficultés que peut présenter l’Arctique pour rejoindre le pôle Nord.

Ralph Plaisted

Expéditions


1967 : Une première tentative

Ainsi, à la fin mars 1967, les équipes partent pour leur expédition. Le camp de base se trouve à la station météorologique d’Eureka sur l’île Ellesmere dans le Nunavut à 1125 km du pôle Nord. Le manque d’expérience joint à de mauvaises conditions climatiques entraîne la fin prématurée de cette première tentative. En effet, au début du mois de mai, après 37 jours de travail acharné, ils prennent le chemin du retour. Cependant, l’expérience acquise par l’équipe représente un excellent entraînement pour braver les conditions de vie dans l’Arctique.


1968 : deuxième tentative

Ainsi, en 1968, les membres sont d’attaque pour réaliser leur deuxième tentative vers le pôle Nord. Le départ se fait plus tôt dans la saison, un mois avant celui de l’année 1967 afin de s’assurer que la glace soit plus permanente. De même, il est effectué plus près de la destination, à 320 km plus près qu’en 1967, soit à 800 km à vol d’oiseau du pôle Nord. Les membres maintenant expérimentés sont confiants de réussir.

Les membres de l'Expédition quittent Montréal en direction de Frobisher Bay

Walt Pederson constatant l'ampleur d'une tempête

22 février : départ de Montréal des membres à bord d’un avion Douglas DC-4, en direction de Iqualuit, anciennement Frobisher Bay, Terre de Baffin, Nunavut. Le lendemain : départ pour Resolute Bay sur l’île de Cornwallis. Il fait si froid, environ –58 °C, que le moteur de l’avion gèle.

29 février : arrivée à Eureka sur l’île d’Ellesmere.

2 mars : direction l’île Ward Hunt, dernière terre avant l’océan, établissement du camp de base.  Le groupe est à 800 km à vol d’oiseau du pôle Nord; ce dernier se situant à une latitude de 90° Nord

7 mars : départ de l’île Ward Hunt à motoneige pour le pôle Nord. Il fait environ -60 °C. Six jours plus tard, l’équipe n’a parcouru que 56 km.

16 mars : une tempête violente immobilise les membres pendant une semaine. C’est l’isolement total; aucun contact avec le camp de base, pas d’avion de reconnaissance ou de ravitaillement. L’équipe Plaisted ne peut reprendre la route que le 23 mars.

10 avril : les eaux ouvertes ralentissement l’expédition. Le groupe doit alors les contourner, augmentant considérablement le temps et la distance parcourue.

19 avril : après 43 jours, les membres de l’équipe atteignent le pôle Nord géographique. Le navigateur Gerald Pitzl mesure leur position à l’aide d’instruments et annonce qu’ils ont atteints la latitude 90° Nord.

20 avril : un avion de reconnaissance météorologique des Forces aériennes des États-Unis confirme la position du pôle Nord. Puis ce fut le retour au camp de base en avion.

25 avril : retour à Montréal

Quelles ont été les difficultés rencontrées

  • l’Arctique de l’époque était un immense désert gelé;
  • à ce temps de l’année, il n’y a que 5-6 heures de clarté pour voyager dans la journée;
  • les avaries mécaniques sont inévitables;
  • les passages d’eau libre sont également inévitables;
  • la marée crée le déplacement constant des glaces arctiques provoquant ainsi des surfaces d’eau ouvertes à certains endroits et des barrières de glace jusqu’à 12 m de hauteur à d’autres;
  • les tempêtes de neige et de vents violents sont également constamment présentes.

Conclusion

L’Expédition Polaire Plaisted- 1968 est la première expédition à atteindre le pôle Nord par voie terrestre. Cette position a été confirmée par un avion de reconnaissance météorologique des Forces aériennes des États-Unis.

Il est intéressant de savoir que Bombardier Ltée a participé grandement à l’expédition pour le montant de 125 000 $ de l’époque, ce qui correspond aujourd’hui au montant de 850 000 $

Comment Jean-Luc Bombardier s'est retrouvé dans cette expédition?

Neveu de Joseph-Armand Bombardier, il joindra les rangs de L’Auto‑Neige Bombardier Ltée à sa sortie de l’université. Tout comme son père et son oncle, il manie les motoneiges avec habileté. Ainsi, à la fin des années 1960, la compagnie utilisait de préférence les services de Jean‑Luc à ceux des autres conducteurs.

Comme Ralph Plaisted désirait utiliser la motoneige Ski‑Doo® pour son périple vers le pôle Nord, il semblait donc plus qu’évident que leur groupe d’explorateurs soit accompagné d’un représentant expert qui n’avait peur de rien. Et c’est ainsi que Jean‑Luc s’est retrouvé à faire partie de l’expédition vers le pôle Nord.

Jean-Luc Bombardier

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